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Ils n’ont rien compris 

lundi 14 décembre 2015, par François Bunner

Arrogants, bêtes, méchants et désormais menaçant notre paix civile, voilà l’état du personnel politique après les régionales 2015. 

En ce lendemain d’élection – qui n’est pas n’importe quel jour d’après, tant ces régionales sont un tournant qui fera date – comme rien de significatif ne s’est passé dans le microcosme politico-médiatique, nous pouvons déjà affirmer 1. qu’ils n’ont rien compris, 2. que notre avenir est lourd de menaces certaines et 3. que si nous voulons les éviter, il va falloir que nous réussissions un miracle civique. 

Ils n’ont rien compris

Après un tel coup de tonnerre qui n’est pas tombé dans un ciel serein – depuis plus de 30 ans, etc. – il fallait pour commercer une avalanche de démissions.

Hollande aurait dû depuis longtemps. Mais à 15 mois de la prochaine présidentielle, dans ce face à face où seuls existent des candidats de pensée unique et du FN, ça n’apporterait plus rien, donc qu’il reste en place mais pour cohabiter avec un Premier ministre et un gouvernement sérieux. 

Valls et ses propos irresponsables sur la guerre civile, après tant d’autres dont ceux délirants sur les « apartheids » qui avaient suivi les attentats de janvier, pour dire exactement le contraire cette fois-ci, « aucune excuse sociale, sociologique et culturelle… » et tout son baratin faux sur le patriotisme, Valls le premier aurait dû se retirer. Suivi de son gouvernement : Fabius, Taubira, Vallaud-Belkacem, Touraine, la nation ne peut plus les voir. 

Idem au PS, Cambadelis, ses certitudes, sa morgue, sa bonne conscience, c’eût été un minimum. 

En face, Sarkozy, qui vire NKM qui a dit la seule chose juste le concernant, à savoir qu’heureusement pour eux que les électeurs n’ont pas voté comme Sarkozy le demandait sinon, ils n’auraient gagné ni en Paca, ni en Nord-Pas-de-Calais, comment ne conçoit-il pas que cette élection est un désaveux qui le frappe lui autant que ceux d’en face ? Que la seule réponse était de démissionner ! Comment les Juppé, Fillon (qui a eu l’indécence de faire campagne hier soir), et les Estrosi, Richert, Morin, Pécresse… ne comprennent-ils pas qu’ils sont visés par la même défiance, avec tant d’autres ?

Si les premiers responsables ne s’écartent pas, quel sera l’état de l’opinion de la nation après les mois de règlements de comptes qui s’annoncent maintenant à coup de haines recuites, chaque camp les siennes ?

Le seul qui, à ma grande stupéfaction, a parlé correctement dimanche soir c’est Xavier Bertrand. Il a intérêt à continuer sur cette lancée, sinon c’est qu’il est encore pire que les autres. 

Notre avenir rempli de menaces

Notre nation est une fois de plus formidable. Quand même, malgré le dégoût inspiré par la politicaillerie et le besoin de les sanctionner, ils sont allés voter, non en raison des injonctions de la volaille qui fait l’opinion, de la basse-cours médiatique, du poulailler de science pot, mais parce qu’ils sentent bien que ce FN est un affront à notre nation, qu’il fait du mal à notre pays qui n’a pas besoin de ça en plus. 

Du coup nous nous retrouvons dans une crise politique aggravée, mais pas encore fatale, avec des millions d’abstentionnistes, des électeurs qui protestent depuis longtemps, qui ont réuni parfois plus de 40% des suffrages exprimés lors d’un premier tour et qui ne pèsent toujours rien, face à des sortants, régionaux ou nationaux, au bilan misérable, qui non seulement ne s’excusent de rien, mais toute honte bue persistent systématiquement à se représenter… et à se maintenir. 

Il est évident que lorsque la démocratie faillit à ce point, elle ne protège plus de la violence politique mais en devient la source. Nous sommes sur ce seuil. Nous avons dignement encaissé les coups djhadistes de janvier et du 13 novembre 2015, et laissé le soin à l’État de répliquer. Pourvu qu’aucun Breivik ne se charge jamais de faire justice lui-même, déclenchant par là des représailles entre "communautés".

Car n’oublions pas, cette violence est faite d’actes fous qui surprennent toujours les braves gens, elle est toujours bête, injuste, atroce, et quand elle frappe elle met toujours en branle le cycle des vengeances, de l’amplification de la haine et du jusqu’au-boutisme. Elle est très très difficile à arrêter. 

Réussir un miracle civique

Ce qui bloque, ce qui nous empêche, nous les citoyens français, de nous mettre en action, c’est que nous ne partageons plus une vision de nous et de notre avenir. 

Ou plutôt depuis 30 ans la vision qui s’est installée dans nos esprits et maintenue grâce, justement, au jeu de frères ennemis de la pensée unique et du FN, est celle de l’utopie de l’Europe ou de la globalisation qui donne le pouvoir aux oligarchies et plonge le plus grand nombre dans la précarité et la misère. Les forces politiques de pensée unique agissent pour installer cette vision dans la réalité, le FN a eu pour rôle de discréditer toute alternative et il s’en est acquitté avec zèle. 

Plus que jamais la majorité des citoyens français, coincée entre ces deux factions politiques malfaisantes auxquelles les médias servent de caisse résonance, a besoin de recréer des conditions pour énoncer et actualiser cette autre vision : continuer la France et défendre un ordre international multipolaire et régulé au lieu de la défaire au service de l’UE, de l’OMC et de l’OTAN qui sèment le chaos. 

Derrière, il faudra du courage, de l’audace, du civisme et beaucoup de fraternité citoyens, car nombreux seront ceux qui travailleront à tenter de nous diviser. De toute façon, soit nous réussissons ce miracle civique, soit nous paierons le prix de la "non-paix civile" dont l’onde de choc internationale sera abominable. À vous de choisir.